LE FANTASTIQUE ORDINAIRE

LE FANTASTIQUE ORDINAIRE

Réalisateur : Christian de Chalonge

Le film :  L’argent des autres

L’année : 1978

Avec : Jean-louis Trintignant, Michel Serrault, Claude Brasseur

Disponible en DVD chez Tamasa

Le rendez-vous manqué.

A l’occasion de la sortie de trois films de Christian de Chalonge chez Tamasa, «L’œil du témoin» lui avait consacré un documentaire intitulé «Le fantastique ordinaire».
Initialement prévu pour faire partie des bonus lors de la ressortie d’un coffret, les aléas de l’édition ont malheureusement retardé ce rendez-vous.

Toutefois, il n’est pas trop tard pour espérer une sortie blu-ray d’un film comme «Malevil» qui mériterait ce traitement de faveur et permettrait à ce documentaire de s’y intégrer.

Par ailleurs, trois films, injustement méconnus de Christian de Chalonge, reste à découvrir en dvd : «O Salto», «L’alliance» et «Les Quarantième rugissants». Ces trois films sont souvent cités par des passionnés qui souhaiteraient visionner ces films dans des qualités optimales.

Pour «L’alliance», le rédacteur en chef d’1Kult, Sylvain Perret, en avait longuement parlé lors d’une de ces chroniques, il avait même récidivé dans le book-zine, «Schnock».

Appel à témoins aux éditeurs !

Plus que jamais, il faut célébrer de Chalonge, le plus anglo-saxon de nos metteurs en scène !

Genèse d’une rencontre

Homme taiseux, Christian de Chalonge ne fut pas facile à convaincre dès qu’il a fallu le convier à un entretien filmé. Comme tous les grands metteurs en scène de sa génération, Christian de Chalonge n’aime pas parler de son cinéma, ses films sont fait pour être vus, pas pour y élever un quelconque débat.

Si toutefois l’idée d’un entretien fleuve le séduisait, il nous fallait trouver un «endroit», c’était la seule condition pour que la rencontre ait lieu.

Ce fut la résidence Lucien Paye, au sein de la citée universitaire, au 45 bd Jourdan, Paris 14ème. Très enthousiaste par cette initiative, son directeur, Marc Cerisuelo, nous a ouvert ses portes et réservé cet accueil chaleureux.

A la découverte de ce lieu, Christian de Chalonge fut convaincu du bien fondé de notre démarche. L’un des points forts de sa mise en scène étant justement l’importance des décors, Christian de Chalonge va alors «jouer le jeu» et se prêter à toutes nos demandes, nous parler de son travail d’assistant-réalisateur et de ses premiers films devant un miroir de maquillage, évoquer l’aventure de «Malevil» et de «L’argent des autres» assis derrière cette tapisserie murale aux motifs africains, et enfin sur une estrade, pour nous conter le destin de Petiot.

«L’argent des autres» / «L’imprécateur»

Ce premer segment se rapporte à «L’argent des autres» qui fait écho au film de Jean-Louis Bertuccelli, «L’imprécateur» sorti un an auparavant en 1977 et qui fait l’objet d’un autre web-doc de «L’œil du témoin»

Précurseurs en leur temps, ces films anticipaient «les affaires», la mondialisation au détriment du facteur humain, le pouvoir de l’information, la corruption sous toutes ses sphères qu’elles soient politiques, administratives ou bancaires.

Un chargé de compte et un directeur des ressources humaines, joués réciproquement par Jean-Louis Trintignant dans «L’argent des autres» et par Jean Yanne dans «L’imprécateur», vont nous servir de guides et nous permettre d’accéder aux méandres de ses sociétés corrompues. Plus le récit avance et plus les deux hommes deviennent des grains de sables dans les rouages d’une effroyable mécanique humaine

Le cinéma de Christian de Chalonge et de Jean-Louis Bertuccelli préfèrent aborder les arcanes du pouvoir via les procédés mentaux de leurs personnages.
Par le biais de montages alternés, nous ne saurons jamais quelle est la part imaginée ou véridique des faits qui nous sont racontés, ce qui va constituer la grande force de ces deux oeuvres. Adoptant un ton résolument moderne, à la lisière du fantastique, les films suggèrent plus qu’ils ne démontrent !

Si «L’imprécateur» fut un semi-échec à sa sortie, «L’argent des autres» remporta un grand succès public et une récompense, le césar de la mise en scène.

Représentatives d’un cinéma qu’on surnomme « le cinéma du milieu », la filmographie de Christian de Chalonge et de Jean-Louis Bertuccelli sont victime d’une injustice, méprisée par une certaine critique, jugée trop populaires, ces films ont du mal à rentrer dans des cases, ils sont quelque peu proscrits.

Demeurées pratiquement invisibles depuis leurs sorties salles, c’est toujours le cas pour «L’imprécateur», (voir notre chronique), ses deux œuvres font pourtant, au fil du temps, l’objet de convoitise auprès d’un public d’initiés.