LA MALÉDICTION DE L’IMPRÉCATEUR

LA MALÉDICTION DE L’IMPRÉCATEUR

Réalisateur : Jean-Louis Bertuccelli

Le film :  L’imprécateur

L’année : 1977

Avec : Jean Yanne, Michel Piccoli, Jean-Claude Brialy, Jean-Pierre Marielle

Inédit en DVD

L’entretien inachevé.

Contacté à l’occasion de la sortie de la bande originale du film composée par Richard Rodney Bennett chez l’éditeur «Music box record », Jean-Louis Bertuccelli nous avait accueilli dans sa caverne, une ancienne mercerie qu’il avait acquis dans les années 70 et qui lui servait de siège social et de sanctuaire idéal pour se ressourcer et se protéger.

Au milieu d’objets divers, souvenirs de vacances et de tournage, le réalisateur assis sur l’ancien fauteuil du salon de coiffure de son père, nous avait écouté, à la fois amusé et flatté par notre entreprise. Consacrer un documentaire sur sa carrière et plus particulièrement sur ce film qui, pour des raisons diverses, n’avait jamais fait l’objet d’une sortie dvd, «L’imprécateur», pour ne pas le nommer.

Si le film avait connu une rare diffusion à la télé et une sortie confidentielle dans les vidéo-clubs, il avait disparu de la circulation depuis belle lurette. Quant au roman, il n’avait jamais fait partie d’un fond de librairie.

Plus récemment, «L’imprécateur» avait fait l’objet d’une projection au festival de Paris en présence de son réalisateur, soit presque trente ans plus tard.

Finalement, la seule preuve de l’existence de ce film était entre nos mains, c’était ce CD.

Comment expliquer cette disparition doublée de cette exclusion ?

Interrogé à ce sujet, Jean-Louis était incapable de nous en donner les raisons exactes, si ce n’est que la société de production de Gasser et Peyrot avait fait faillite et cela avait entraîné des démêlés juridiques invraisemblables.

Nous étions également très admiratifs de films aussi divers que «Nous nous sommes trompés d’histoire d’amour», la place du couple dans la France giscardienne, «Stress», un giallo à la française, et «Interdit au moins de 13 ans», son témoignage sur la banlieue, avec cette musique envoutante de Gabriel Yared (également éditée dans la même édition que «L’imprécateur» chez MusicBox Records), cet hommage assumé aux films de Marcel Carné et de Julien Duvivier, ce film était son «jour se lève», reconnaissait-il lui-même.

La date de l’entretien fut souvent reportée, Jean-Louis s’était un peu «emmuré» comme il aimait nous le répéter, retranché dans son antre, il n’avait pas forcément envie de remonter le temps.

Par un après midi pluvieux de novembre 2013, ce rendez-vous fut le premier d’un entretien qui avait pour sujet l’imprécateur mais pas que !

« Chaque film en amène un autre, nous avait-il dit, sans une histoire d’amour, il n’y aurait pas eu Françoise Gailland et sans Françoise Gailland, pas d’imprécateur… »

Et s’il n’avait pas été un spectateur de la vie du salon de coiffure de son père, peut-être n’aurait-il pas été réalisateur.

Car avant d’être cet homme d’images, Jean-Louis était avant tout un fin observateur.

Il accepta un deuxième entretien plus accès sur «L’imprécateur». Assis sur le fauteuil de coiffeur de son père, il se sentait plus en confiance. Ce jour-là, il nous avait même lu l’un des textes du premier rouleau du film à sa manière, véhémente et bon enfant !

Et quand nous lui avions suggéré d’inviter René-Victor Pilhes dans sa caverne, une petite flamme se ralluma dans ses yeux.

La rencontre a eu lieu entre les deux hommes qui ne s’étaients pas vus depuis plus de vingt ans.
Belle aventure que nous vivons-là lui avait-on dit et il le reconnaissait, enchanté par la forme que prenait cette petite entreprise humaine.

Nous lui avions également montré notre travail sur le réalisateur Christian de Chalonge. Emballé par les propos de son confrère, il avait hâte de voir «son portrait».

Et voilà qu’en mars dernier, Jean-Louis s’est tu.

Alors qu’il devait nous parler de «Interdit au moins de 13 ans», son film le plus personnel. Il nous avait fait visiter sa cave qui avait servi de décors pour la fameuse scène anthologique où la comédienne Sandra Montaigu se dévoilait devant un parterre de gamins surexcités.

Il avait encore plein d’anecdotes à nous dire, plein de choses à nous confier, ce documentaire hélas inachevé lui est évidemment dédié.

Au départ, il y avait la volonté d’enquêter sur ce film disparu, de lui consacrer un documentaire via des propos de son réalisateur, de l’auteur du roman avec la participation d’économistes contactés pour l’occasion, mais le destin en a voulu autrement, c’est désormais un entretien inachevé, mais qui comprendra dans sa version finale la participation de René-Victor Pilhes et une partie réservée à l’avant imprécateur avec les propos de Jean-Louis.

Cet extrait de douze minutes fait partie d’un documentaire de 52mn.

Bientôt en ligne ou sur une édition DVD ?