27 Mar A LA RECHERCHE DE LA TRACE
Réalisateur :
Le film : La trace
L’année : 1983
Avec : Richard Berry, Sophie Chemineau
Disponible en DVD chez Tamasa
De l’art de rester en mouvement face aux tourments de l’histoire.
Son premier souvenir de salle obscure remonte à ce cinéma aujourd’hui transformé en magasin de chaussures, le mythique « Hollywood » situé dans sa ville de naissance, à Enghien-les-Bains. Par la suite, Bernard Favre va perpétuer ce baptème de l’écran en exercant cette activité disparue depuis belle lurette, « aboyeur », pour une salle de quartier du côté de Pigalle ; ce n’est donc pas un hasard si Bernard Favre a démarré sa carrière de metteur en scène en jouant les rabatteurs. D’un certaine manière, il marchait déjà sur les traces de Joseph dit « le rétréci », colporteur, qui signale son arrivée en haranguant la population des villages visités.
Mais avant d’arriver à Joseph, il lui faudra passer par le documentaire, dont « La montagne dispersée », qui lui permet de se faire un nom dans la profession. A un producteur qui lui demande s’il a un film à lui proposer, Bernard Favre va lui répondre « oui » alors qu’aucune ligne n’est écrite.
Le film « La trace » va naitre dans une chambre de bonne, après bien des péripéties racontées tout au long de ce webdoc qui va en décortiquer toutes les étapes, de l’écriture du scénario à la conception de son affiche par le dessinateur Moebius ou la recherche de compositeur en la personne de Marc Perrone.
Grâce au soutien du réalisateur, Bertrand Tavernier, le film va trouver un allié précieux, il faut dire qu’une des influences de Bernard Favre n’était autre que les westerns épiques de Anthony Mann avec Jimmy Stewart.
« La trace » parle du début de la commercialisation et de ces réglementations, de la Savoie qui devient française, bref, d’un monde qui change au détriment d’un homme qui préfère lui tourner le dos. Ce film parle également de la grande histoire et de celle de ses individus anonymes qui la font en silence.
Ce colporteur, c’est Richard Berry, et pas un autre, le comédien y trouve son rôle le plus convainquant.
« La trace » sera l’un des derniers gros paris du producteur Claude Nedjar qui, auparavant, avait produit « La guerre du feu » de Jean-Jacques Annaud ou « Malevil » de Christian de Chalonge. Avec « la Trace », l’ère de ces producteurs audoditactes s’éteint, une page se tourne qui fait écho au final de ce film à part.
Le film « La Trace » a été édité en dvd par Tamasa en 2010.