À PERTE DE VUE

À PERTE DE VUE

Réalisateur : Jacques Rouffio

Le film :  Violette et François

L’année : 1977

Avec : Jacques Dutronc, Isabelle Adjani

Disponible chez Tamasa

A l’occasion de la sortie en DVD du film « Violette et François » en 2014, Jacques Rouffio, pourtant peu prolixe sur son travail de réalisateur, avait bien voulu nous accorder un entretien dans le cadre d’un bonus consacré à cette édition.

Dans la carrière de Jacque Rouffio, «Violette et François» était une commande pour le scénariste Jean-Loup Dabadie qui en avait écrit « un livre-film » paru aux éditions du Seuil. Initialement prévu pour Yves Robert ou Claude Sautet, deux metteurs en scène familiers avec lesquels le scénariste avait déjà collaboré, c’est Rouffio alors auréolé du succès de « 7 morts sur ordonnance » qui avait finalement été choisi. Moins à l’aise avec l’univers du scénariste, Rouffio fut pénalisé par un Jean-Loup Dabadie déçu de voir une de ses œuvres très personnelles entre les mains d’un bon artisan mais qui néanmoins n’était pas son choix initial. Rouffio appartenait à une autre famille, celle du romancier-scénariste Georges Conchon ou du réalisateur complice, Francis Girod, trop tôt disparu.

Le film, vendu comme une suite à « César et Rosalie » fut un échec en salle. Désavoué par Jean-Loup Dabadie lui-même, Rouffio en avait été très peiné.

Pourtant, en revoyant « Violette et François », Rouffio signe une oeuvre dont il n’aurait pas dû avoir honte. On y retrouve son savoir faire et son incroyable énergie de filmer, Bande-son qui claque (l’intro où Adjani casse une vitre), montage alternatif entre passé et présent (voir la scène où Dutronc se fait alpaguer par des agents de sécurité à la sortie d’un magasin alors qu’Adjani l’attend dans une voiture) dirigée par sa fidèle collaboratrice Geneviève Winding qui s’ inspirait à nouveau du montage très novateur de « 7 morts sur ordonnance », direction d’acteur impeccable (Dutronc dans sa biographie dit beaucoup de bien du film), la trame social du film, d’une brûlante actualité, dénonçait la société de consommation via le destin d’un couple épris de liberté. Bref, une perle à redécouvrir d’urgence !

Ces dernières années, Jacques Rouffio était le résident discret d’un Epad aux Gobelins, quartier pourtant dédié au cinéma, à quelques mètres du Musée Pathé et du multiplexe Les Fauvettes. Lui qui avait dirigé tant de monstres sacrés se retrouvait quelque peu à l’étroit dans une chambre où il avait conservé quelques photos de tournage dans des boites à archives ainsi que l’affiche originale de son premier film placardée sur le mur principal : « L’horizon », un titre ô combien évocateur et finalement assez ironique.